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L'INGRAT, le blog aimable

26 juillet 2011

L'été..

L'élan de l'été monte dans la flamme des ifs
La brume s'ébroue sur les prairies lascives
La lumière colle sa joue aux hublots de rosée
Laisse toi fusiller d'un éclat de coquelicot
Laisse toi mordre aux dents des marguerites
Cueille à l'anse du vent des corbeilles de fragrances
Exauce la requête du vent
Qui veut te mettre dans sa brouette
Bois l'été
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30 juin 2011

Solitude

   Une curiosité nouvelle me décida ce matin, encore englouti par les vagues du sommeil, plutôt que de me hisser vers l'éveil, à descendre au fond de ma poitrine ausculter ma solitude. Je découvris une palpitation froide, un malaise rauque, une trépidation tenace, une respiration qui souffrait de soulever son poids. Triste de ce constat, je basculai vers l'éveil; j'aspirai l'air frais, la mousse des rayons, les bruits. Je passai ma journée coutumièrement, m'étourdissant de la ruche des gestes et des paroles, opposant à l'action dissolvante des rythmes l'inertie du vécu. Je me figurais jusqu'ici que le travail de vivre trouvait sa récompense dans un affermissement du cœur et un éclaircissement de la conscience. J'étais aujourd'hui navré d'une lucidité nouvelle. Je réalisai qu'il y a dans la solitude un battement voilé, impuissant à s'épandre dans le déploiement du jour, sinon dans le feuillage de la peur. L'homme seul transporte une tâche attendant le rayon qui la fera fleur. L'index qui figera mon mal, la main qui épongera mon cœur, ne viendra pas.

 

Tony Truand

8 juin 2011

Gratuité

Là, dans l'été
Ta main
Usée d'avoir poli la vie
Repose sa flamme.
Le galbe du poignet
Creuse
Une tendresse désœuvrée,
Gante ta force.
Ta main d'algue bercée
Affirme la caresse
De ma main appuyée
Sans signifier.
4 mai 2011

P'tit dej

Le bol
Digère la nuit
Baille au matin
Effeuille les lèvres du soleil
Caillées sur sa marge.
La lumière captive de son orbe
Bave un liseré sur la nappe.
Stable,
Il cloue la table,
Contient l'essor du jour
Et l'expansion du ciel
En équilibre
Sur l'aiguille du présent.
C'est un diamant.

22 février 2010

Indignation 2005

Les jeunes sont complètement fous ! Ils sont en train de rater leur révolution ! Sont-ils en train de brûler les cités pour protester contre leur relégation en lisière des villes, ou contre l’incroyable disparité de la répartition des richesses, ou contre le colossal mépris des dirigeants à leur endroit, ou contre la mainmise des marchés sur les besoins élémentaires que sont la nourriture, l’eau et le logement ? NON. Du moins, ce n’est pas dit. Or le simple fait que leurs agissements ne soient pas accompagnés de requêtes, ôte toute recevabilité à leur colère. Peu s’en faudrait pourtant pour que leurs actes se dotent d’une signification politique opportune. Qu’ils aillent à Neuilly brûler les voitures des racailles qui gagnent 30.000 euros par mois sur le dos du pays, ou que, symboliquement, ils pendent un notaire avec ses tripes avec un bail de HLM dans le cul, voilà qui doublerait les déprédations de signaux autrement plus dérangeants pour l’Etat, voilà qui changerait leur émeute en révolution, voilà qui serait historique. Mais ils s’en foutent. Ils préfèrent mettre leurs propres quartiers à feu et à sang, ces petits cons.

Tony Truand 2005

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21 février 2010

Il est 8 heures

(Ce texte est avant tout un exercice. Merci à ceux qui m'ont permis de le peaufiner. Je recevrais avec gratitude l'avis des lecteurs éventuels. Et puis ça me permettrait de vérifier qu'ils existent. C'est quand même aussi un peu pour eux que je me casse le cul.)


 

 

 

Matin balbutiant de lumière tremblée

La rue bruisse de pas saccadés

Le fumet du café pénètre mes narines

Et réveille un souvenir

Ma chambre d'enfant

Je la revois

Ses murs beiges

Un rayon indécis traversait le volet

Le café chauffait dans la cuisine

L'éternité contamine cet instant

Dilaté dans l'arôme brûlant du café

Aux saveurs de l'enfance

Je m'étonne d'être vivant

La vie est si fuyante

Il m'appartient pourtant

Ce moment indiciblement vécu

Déplié dans l'ambiance d'un matin neuf

Gros des promesses de tous les possibles


Tony Truand

17 février 2010

Jets (écrits à toute vitesse)

L'étang frissonne dans le noir
La lune glisse sur les eaux
Et dans la calligraphie du soir
Elle fait son nid dans les roseaux

Le ciel est profond comme un puits
Les vagues incantent le silence
L'air frémit de parfums interdits
Le vent t'enlace dans ses anses

............................................................


Matin aux draps défaits
Des sanglants corps à corps
Dans les lits où se fait
Et se défait la mort

Matin aux draps froissés
Des fougueuses amertumes
Les amants enlacés
Nagent sous leur écume

Matin sanguinolent
Dans l'incendie du jour
Les amants indolents
Lovent aux criques d'amour

Matin chargé d'essences
Aromates charnels
Tournoyant dans les anses
Des amants fraternels

Le pétale des draps
Enrobe les corps nus
Étreignant dans leurs bras
L'arôme des cornues

Frais matin duveteux
Ambre des peaux de pêche
Grisants baisers venteux
Rosée sur les soies fraiches

.......................................;

Toi
Mémoire fanée
Qu'effeuille le vent
D'une ombre indiscrète
Qui sait où s'éteint
La sève enflammée
Où commence l'encre jaunie
Le poulpe de l'amour bat encore sur ta tempe
Où bien est ce le temps qui balbutie
Le fiévreux remord de ta lèvre sanguine
Ou bien est-ce le spasme
D'une rose calcinée
Qui ressemble à ta blessure
Est-ce une araignée que je pris pour ton étoile
L'arbre de ma mémoire a plongé dans ton sang ses racines
Le temps fera givre les étoiles plaintives

...........................................

Tu arpentes le soir fatiguée de la fête
Le long des vieux rivages et je marche avec toi
J'essuie sur ton front ocellé les paillettes
Des amours effacées du souffle d'un émoi

Tu sens crépiter dans ton cou les orages
Sous l'essaim frissonnant des baisers en tornade
Tu te noies sous l'émoi submergeant ton corsage
Et des flammes de joie lèchent ton corps nomade

Tu lances dans la pluie l'ogive de tes doigts
Eclabousser mon sang du feu de tes caresses
J'écoute dans le vent le violon de ta voix
Haleter sous l'archet d'une vibrante liesse

Tes caresses s'effeuillent automne de mon corps
Tu incantes l'amour dans de profonds refrains
Qui coule sur tes doigts forgeronne aux mains d'or
Et mon corps s'est brisé à l'essieu de tes reins

..........................;

 

 

Nous nageons sous les draps
Où nos corps s'imaginent
Et l'épi de tes bras
Caresse ma poitrine

Nous enlaçons les signes

Qui enchantent nos corps

Tu embrasses la vigne

Noueuse de mon corps

J'entends la joie mourir
En vagues sur ta lèvre
Dans le creux des soupirs
Je sens battre ta fièvre

Tu es le spasme du vent dans la voile
Tu es la mer salivante d'écume
Tu es le ciel infusé d'étoiles
Tu es la nuit qui s'allume


Nos chairs torsadées tressent
D'ascendantes voluptés
Leurs flammes assoiffées lèchent
Le sel des peaux de thé


Nous tissons les duvets
Fourmillant de tendresses
Ta peau poivrée revêt
Mes humides caresses

Tes membres écartelés
Sur la roue du plaisir
Semblent une  fleur grêlée
De la pluie des soupirs

Nous trinquons les calices
De sucs étourdissants
Nous  suçons les délices
Inassouvis du sang

Que crève le plafond
De nos cieux de faïence
Et  que ton cri de faon
Dechire le silence

Le soir verse son vin
Sur nos flancs épanouis
Et nos corps écrivains
Sombrent aux rêves évanouis


 

..................................






.................


Entends-tu, mon aimée
Sur la portée du vent
Tombant de la ramée
La musique rêvant
Dans les ombres charmées ?
Tes yeux dansent, enflammés
D'un désir si fervent...
Et nos corps abîmés
L'un dans l'autre rêvant
S'aiment sous la ramée
C'est bon, d'être vivant

..................

Je l'enlacerai

Elle s'en lassera

Elle me quittera

Je l'acquitterai

Elle me maudira

Je ne dirai mots

Je l'aimerai

Elle sèmera

Je l'embrasserai

Elle s'embrasera

12 février 2010

Poème kleenex (à jeter après usage)

 


Buvons le champagne de la nuit
Pétillante d'étoiles
Que danse dans nos veines
Tressées sur le souffle du temps
L'ivresse souveraine
Que fleurisse le lierre du sang
Du levain de la joie
La lune bouchon est restée au plafond !



Tony Truand
12 février 2010

Souvenir musical

                                             

                    HOMMAGE A FRANCIS CABREL


   Aussi loin que je cherche, je ne me souviens pas d'avoir vécu une expérience musicale plus poignante que lors du concert qui eut lieu à Millau à l'occasion de la sortie de prison de José Bové. L'estrade en bois avait été élevée au milieu d'un désert vallonné, sauvagement, et la terre froncée à l'entour semblait se plier au jeu d'étranges vibrations. Bertrand Cantat entama les réjouissances avec un enthousiasme d'autant plus effréné qu'il ignorait absolument que peu de temps après il se retrouverait en taule à Vilnius et Bové à Villeneuve les Maguelones (pffrt!). Sa musique généreuse déferlait sur la plaine, nous roulions dans une houle survoltée, les vallons répercutaient les sons comme des baffles à l'horizon. Le concert s'enfonçait dans la nuit, et nous finîmes tard, harassés, trempés, naufragés, stupides. Le second intervenant se présenta ensuite sur la scène, salua, puis entama son répertoire. Francis Cabrel. "Je l'aime à mourir je l'aime à mourir la la la...". Pas le même genre. C'est alors qu'une forme apparut dans le ciel béant. Un poulpe phosphorescent emplit l'espace de sa présence démesurée, abomination cosmique, horreur vertigineuse! Le monstre énorme ondoyait de spasmes, roulait des flammes dans ses orbites abyssales, étalait souplement en travers du ciel son envergure immense. Elançant ses tentacules dans l'infini, il accrochait les étoiles et les jetait à bas. Je ne saurais dire si les événements que je vais relater maintenant sont réels ou bien s'ils sont le souvenir ou plutôt l'empreinte d'hallucinations conçues dans la fièvre suscitée par la frayeur délirante qui me submergea, j'aimerais vous y voir! Quoi qu'il en soit et quel que soit le plan de réalité où s'inscrit ce qui va suivre, je me souviens que l'immonde bête tourna vers la terre sa face odieuse, puis ouvrit un large bec, qui couvrait de son empan trois ou quatre constellations, révélant une bouche effroyable d'où sortit une parole qui ébranla l'univers:

 

TA....GUEULE...CABRRREL...

 

Je crois savoir que depuis ce jour Francis s'est mis au poker, déployant une habileté telle que des joueurs de métier confondus par son aisance ont pu dire qu'il s'était découvert une vocation, m'a-t-on dit. Que Zeus me foudroie si j'ai dévoyé un seul mot de mon récit de la pure vé

 

Tony Truand

17 janvier 2010

Vieux poèmes recyclés

                  

                            LA BALLADE DU SDF


Je suis mon ombre en chien fidèle
Elle décide où nous irons
Et je m’efface à côté d’elle
Et je me couche en son giron

Cette foule où je me promène
Endigue mon cœur maladroit
Je marche sur les rires amènes
Des enfants nés pour être roi

Pendant vos fêtes nationales
Je me branle au son des trompettes
Quand la Raison et la Morale
Sodomisent comme des bêtes

*
Quand la soirée se travestit
A la brune pour une danse
Faisant voler sa robe nuit
Sur le pavé avec cadence

Mon oeil taciturne s’éclaire
Et je me mêle dans la danse
Sous l’œil jaloux des réverbères
Qui vilipendent ma démence

Pourquoi faut-il qu’on ne retienne
L’ivresse trouble de la nuit
Et la lune trop cartésienne
Tourne le dos à ma folie

*
Quand viendra l’heure magnanime
Où mon âme s’échappera
Emportée par dessus les cimes
Par des gypaètes angoras

Je veux que mon corps de vermine
Exhale un parfum d’encensoir
Que vous le mettiez en vitrine
J’étais Jésus venu vous voir.

2004




  CRESCENDO

Dégringolant d'un lustre
Une pluie de baisers
Baise ce cul illustre
Ces doigts magnétisés
Aux faunes des balustres
Du lit fleurdelysé:
Je bande comme un rustre!
Mon mal a infusé
Dans vos grands yeux lacustres
Nous irons l'apaiser
Dans cette eau où se lustre
Un animal frisé.

2006

                     

 

PROMENADE

 

Je m'en vais sans départ sans bruit et sans raison

Dans la lande esseulée loin des siècles moroses

Donner mes jambes nues aux baisers des ajoncs

Là où rien ne conspire au sacrement des choses

 

La plaine est sans issue et l'horizon sans fond

Dans l'herbe geôlière mes pas serpents repoussent

Les ombres bruissantes cauchemars vagabonds

Peuplant les ruines rases et la folle herbe rousse

 

La bise ondoyante rapporte la clameur

qui monte de la ville et se mêle aux rumeurs

De ceux qui languissent sous l'herbe close et drue

 

Ô Précieux défunts vous gardez nos victoires

Jusqu'au fronton des rues où revient ma mémoire

La nuit clôt son couvercle et je n'existe plus

 

2002

 

TONY TRUAND

 

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