Vieux poèmes recyclés
LA BALLADE DU SDF
Je suis mon ombre en chien fidèle
Elle décide où nous irons
Et je m’efface à côté d’elle
Et je me couche en son giron
Cette foule où je me promène
Endigue mon cœur maladroit
Je marche sur les rires amènes
Des enfants nés pour être roi
Pendant vos fêtes nationales
Je me branle au son des trompettes
Quand la Raison et la Morale
Sodomisent comme des bêtes
*
Quand la soirée se travestit
A la brune pour une danse
Faisant voler sa robe nuit
Sur le pavé avec cadence
Mon oeil taciturne s’éclaire
Et je me mêle dans la danse
Sous l’œil jaloux des réverbères
Qui vilipendent ma démence
Pourquoi faut-il qu’on ne retienne
L’ivresse trouble de la nuit
Et la lune trop cartésienne
Tourne le dos à ma folie
*
Quand viendra l’heure magnanime
Où mon âme s’échappera
Emportée par dessus les cimes
Par des gypaètes angoras
Je veux que mon corps de vermine
Exhale un parfum d’encensoir
Que vous le mettiez en vitrine
J’étais Jésus venu vous voir.
2004
CRESCENDO
Dégringolant d'un lustre
Une pluie de baisers
Baise ce cul illustre
Ces doigts magnétisés
Aux faunes des balustres
Du lit fleurdelysé:
Je bande comme un rustre!
Mon mal a infusé
Dans vos grands yeux lacustres
Nous irons l'apaiser
Dans cette eau où se lustre
Un animal frisé.
2006
PROMENADE
Je m'en vais sans départ sans bruit et sans raison
Dans la lande esseulée loin des siècles moroses
Donner mes jambes nues aux baisers des ajoncs
Là où rien ne conspire au sacrement des choses
La plaine est sans issue et l'horizon sans fond
Dans l'herbe geôlière mes pas serpents repoussent
Les ombres bruissantes cauchemars vagabonds
Peuplant les ruines rases et la folle herbe rousse
La bise ondoyante rapporte la clameur
qui monte de la ville et se mêle aux rumeurs
De ceux qui languissent sous l'herbe close et drue
Ô Précieux défunts vous gardez nos victoires
Jusqu'au fronton des rues où revient ma mémoire
La nuit clôt son couvercle et je n'existe plus
2002
TONY TRUAND