Salo ou les cents vingt journées de Sodome film de Pier Paolo Pasolini
La première fois que j'ai vu les cents vingts journées, ce film m'a fait un tel effet, que les trois jours suivant je n'ai parlé à personne. Le dernier film de Pasolini, ode au génie sadien et au nihilisme, semble prophétiser la fin de son créateur. Après ce film, on retrouvera le corps de Pasolini, torturé dans une casse de voiture. Les Cents vingt journées marquent l'entrée du cinéma dans la vraie vie. Au bout du n'importe quoi, du n'importe comment, et du n'importe ou, il ne reste que cela, la figure affreuse des quatre dépravés du marquis de Sade, jouissant sur le destin de l'instinct de mort dans un râle absurde. Jouir jusqu'à crever, la lenteur implacable du film, où la voix d'Hitler sert de musique et où la merde sert de nourriture au banquet des noces sodomites, semble accompagner la dissertation détestable de la philosophie de la nuit. Salo éclaire le charnier dans lequel l'humanité se vautre depuis sa naissance, et tout à coup, surgissant de la voix d'une vieille maquerelle, la figure de l'affreuse mère nature nous rappelle à notre véritable racine abyssale, l'Autre n'existe pas.
Combien de liberté il faut pour oser dire cela, et au bout du grand n'importe quoi, combien cette inversion des valeurs et cette ironie du désespoir rachète notre néant.
Dr.Faustroll